200 euros en plus
A LA PETITE SEMAINE
Mille sabords ! La pression monte. En omettant de parler de la Guadeloupe lors de son show télévisé de la semaine dernière, Nicolas Sarkozy en a fait le principal sujet d'intérêt de la nation. Quand on rappelle d'urgence à Paris un secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer pour éviter qu'il ne signe une augmentation de 200 euros sur les salaires les plus bas, c'est que le torchon brûle. Le contre-feu d'une visite éclair à Bagdad n'y a rien changé.
La France est suspendue au moindre mouvement domien tant dans les Caraïbes que dans l'océan Indien. Et la constitution d'un collectif de revendication réunionnais suffit à justifier les titres des médias nationaux. Chacun sent bien que la revendication guadeloupéenne - la plus spectaculaire sur les 132 - a du chien. Une augmentation de 200 euros peut vite devenir un objectif national.
200 euros, c'est justement le montant de la prime exceptionnelle du gouvernement aux plus démunis. En faire une revendication d'augmentation salariale relève presque du détournement de slogan. Les contestataires reprennent à leur compte le crédo sarkozyen du « gagner plus ». Tant pis si cela fait fi du fait que l'on vit dans un monde limité et qu'ils sont au moins trois à lorgner sur le magot : le salarié en colère, le patron exonéré de charge (du moins dans les Dom) et l'Etat.
Pour qui que ce soit, il n'y aura donc pas 200 euros en plus mais 200 euros à arracher. Et on ne sait pas encore qui pourra s'exclamer dans le prochain volume : « On a marché sur la thune ». Tintin peut-être.
Franck CELLIER